C'est ici que je crèche, une partie du temps, c'est bon à vivre mais je ne supporterai pas longtemps s'il n'y avait pas aussi Belleville et l'Italie et le reste du monde à parcourir |
SQ1: - Dis donc, tu te rends compte de ce que t'as écrit? "un territoire que des millions de paysans, d'artisans, de maçons et d'artistes on pris tant de soin et tant de siècles à garder habitable et hospitalier"? Tu trouves pas que ça sent la "défense et illustration des traditions"? La défense du pays profond dans le genre maurassien ou patriotico-stalinien?
SQ2 (gêné): - Je comprends ton malaise. Tu sais bien que ce n'est pas ce que j'avais à l'esprit. Le paradoxe, c'est que j'avais d'abord écrit seulement que Lauvergeon-Areva, après avoir détruit le Niger finiraient par détruite le territoire français. Mais comme ça faisait une répétition gênante: deux fois le mot "français" alors que, comme je l'ai écrit par ailleurs, la patrie française, je n'en ai rien à cirer, j'ai voulu définir autrement ce que les nucléocrates risquaient de nous faire perdre un jour, définitivement: des paysages et des monuments, une terre qui garde la trace d'un effort. Je sais que cet effort était largement contraint et marqué par l'exploitation féroce, je sais que ce paysage a été largement détruit et enlaidi par l'industrie mais quand je prends le train de Paris à Brive et que j'ai l'impression, des heures durant de m'enfoncer dans la forêt et les prairies, avec aperçus sur des châteaux et des torrents, je suis en colère à l'idée que tout ça, qui est une création entièrement humaine et entièrement reconquise chaque fois par la nature, tout ça risque de disparaître à jamais, victime de la mégalomanie technoscientifique.
SQ1: - Enfin, ce que les centrales françaises risquent de détruire ne s'arrête pas aux frontières de l'Etat. Fessenheim aurait des effets sur la Forêt Noire et le nuage de Tricastin franchirait les Alpes.
SQ2: (de plus en plus gêné) - Ah beh oui, tu as raison. Là, j'ai été victime du besoin d'"illustrer", typique de l'outil "blog". Une message sans illustration sera moins lu, donc il faut en inclure mais il faut évidement éviter de laisser enclore la réflexion par l'image. Honte sur moi qui me suis enfermé dans les frontières françaises!
SQ1: (plus fort) - Honte! Honte!
SQ2: - Bon ça va, n'exagère pas. Et tiens, puisqu'on en est là: profitons-en pour dire le fond de notre pensée: la terre ment, c'est en partie pour ça qu'on l'aime. Parce qu'elle n'est pas juste une carte postale si jolie, la forêt aux rameaux nus de l'hiver blanche et grise devient soudain violette, quelle est sa vraie couleur? et sous la paix de la prairie, il y a la guerre acharnée des espèces les taupes qui bouffent les insectes qui se bouffent entre eux et Filou qui cherche à dénicher les taupes et Ronron qui m'en ramène une pour la tourmenter longuement avant de la boulotter… J'aime la nature parce que les ours ne sont pas des bisounours, et parce que cette planète est dure à vivre parfois, Gaia est une salope, elle engloutit dans sa boue gluante des dizaines de milliers de Japonais, mais nous n'avons pas le choix, il faut apprendre à mieux vivre avec elle, ce n'est pas la faute des plaques tectoniques (ni celle de la plupart des citoyens japonais) si des grandes compagnies ont bâti des centrales, et en plus en zone sismique et au bord de la mer. La terre ment toujours, mais elle ne dit pas n'importe quoi. C'est à nous de nous adapter à ses mensonges, pas le contraire.
SQ1:- Bon, ça va, ça ira pour cette fois. Parce que je n'oublie pas le mot "hospitalier" mis en gras dans ton message.
SQ2: - Bah oui, pour rendre la terre plus hospitalière, faudrait commencer à l'être un peu plus nous-mêmes.
SQ1: - C'est très banal, ça, mais quand même, là, je suis d'accord avec toi.
SQ2: - Et ça, c'est pas banal.
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